Sarraounia MANGOU
Description
Sarraounia MANGOU (19e siècle) est une souveraine africaine qui a régné sur les Azna, dans le sud-ouest du Niger actuel. Elle est connue pour son opposition à la colonisation et en particulier à la mission française Afrique Centrale-Tchad.
Les éléments dont nous disposons sur Sarraounia Mangou, souvent appelée simplement Sarraounia, sont parcellaires et proviennent essentiellement de l’histoire orale et de documents liés à la mission Voulet – Chanoine, expédition coloniale française en Afrique de l’Ouest. Sa vie et son action ont en outre été romancés et réinventés dans un roman puis dans un film. Son nom, « Sarraounia », pour commencer, n’est pas un nom mais un titre : il signifie « reine » en langue haoussa ; Sarraounia Mangou (ou Mangu), du peuple azna, est ainsi la cheffe politique et religieuse du village de Lougou, au sud-ouest du Niger actuel.
Ni sa date de naissance ; ni celle de son décès ne sont connues, encore moins le début et la durée de son règne.
On sait, en revanche, qu’elle est souveraine de Lougou capitale de Azna, à la fin du 19e siècle, lorsque la colonisation de l’Afrique s’accélère. Elle l’est en particulier lorsque, au lendemain de la conférence de Berlin entérinant l’intérêt des puissances coloniales européennes pour l’Afrique, la France lance en 1898 – 1899 trois missions de colonisation du continent, dont la mission française Afrique – Centrale Tchad. Connue sous le nom des capitaines qui la dirigent, Paul Voulet et Julien Chanoine, l’expédition vise à coloniser le Tchad depuis le Sénégal, et opérer la jonction avec les deux autres missions parties d’Algérie et de l’actuelle République du Congo.
La mission Voulet – Chanoine
Composée de huit officiers et sous-officiers, de 600 soldats et tirailleurs soudanais et de 700 porteurs, l’expédition est lancée en janvier 1899, et, mal approvisionnée et mal ravitaillée, tourne rapidement au pillage et au massacre sous l’égide de capitaines aux méthodes brutales. Voulet et Chanoine laissent leurs troupes se ravitailler aux dépens des populations locales, en pillant, en massacrant, en violant, en soumettant en esclavage et en incendiant les villages leur opposant une résistance, sans épargner même les enfants.
En avril, la colonne infernale, précédée par les rumeurs de ses crimes, pénètre en pays haoussa et arrive aux portes de Lougou. Alors que d’autres royaumes ont capitulé sans combattre, Sarrounia Mangou et le peuple azna refuse de se soumettre.
Présentée comme « vieille sorcière » par le lieutenant Joalland, officier de la mission Voulet – Chanoine, elle aurait défié et injurié les membres de l’expédition, en leur promettant de se dresser sur le chemin avec ses guerriers.
Lougou oppose en effet, d’après les mots de Joalland, une résistance acharnée à la mission Voulet – Chanoine, mais leur détermination ne suffit pas à venir à bout des fusils et des canons de l’ennemi. La ville est prise le 15 avril 1899, et la population l’abandonne pour échapper au massacre. Réfugiés en forêt, les Aznas continuent à harceler l’ennemi. Ils regagneront la ville quelques semaines plus tard, après le départ des Français. En ce qui concerne le sort de Sarraounia, plusieurs versions subsistent : emmenée de force par ses guerriers, elle aurait tenté de se donner la mort mais en aurait été empêchée. Elle aurait pris le maquis avec ses guerriers pour continuer à harceler les envahisseurs. D’après une version, la reine aurait été prise au piège dans son palais encerclé par l’ennemi, jusqu’à ce que ses portes s’ouvrent et qu’une panthère noire en surgisse… Une chose est sûre : passée la bataille de Lougou, nous n’avons plus trace de Sarraounia.
Entre récits oraux et sources parcellaires, la figure de Sarraounia sera par la suite réinventée dans un roman et un film, tour à tour vieille reine sorcière ou jeune guerrière belle et forte, mais toujours en figure forte et mythique de la résistance à la colonisation.
L’écrivain Abdoulaye Mamani, s’appuyant sur des mythes oraux de la région de Lougou au Niger, a réécrit l’histoire de la reine Sarraounia, qui aurait combattu en 1899 la colonne française Voulet-Chanoine. Son roman Sarraounia publié en 1980 a valeur d’authentification historique, alors même que cette figure de reine guerrière était peu connue voire ignorée des historiens. Ainsi s’est construit un « mythe national », qui sera par la suite expurgé des dimensions subversives et contestataires qu’y plaçaient l’écrivain. Il s’agit donc d’analyser les processus de construction de la mémoire de la colonisation autour de la figure d’une reine-guerrière, à travers l’étude des récits oraux de Lougou, du roman de Mamani et des réécritures ultérieures du mythe.
Après Sarraounia, il écrivit deux recueils de poèmes, le premier – Poémérides – édité en 1972 chez Pierre-Jean Oswald, et le second – Éboniques – diffusé de manière confidentielle et seulement édité dans Œuvres poétiques.
Mais c’est avec l’œuvre de Mamani que Sarraounia prend une envergure nationale, voire panafricaine, et incarne la lutte contre la colonisation et la sauvegarde de l’honneur.
Le rôle de Sarraounia est mémorable puisqu’elle a survécu. Les tirs des Blancs ne l’ont pas tuée. Sa force l’a protégée, elle et les habitants de Lougou, contrairement aux villages voisins qui ont été razziés et pillés.
On peut retenir que, certes la victoire ne passe pas par les armes, mais c’est son courage, sa détermination et sa force psychologique qui triomphent finalement.
Sarraounia Mangou a été au cœur de récits oraux de la région de Lougou, qui perpétue la mémoire d’une opposition aux forces coloniales en 1899 et d’un combat qui n’est que très peu détaillé dans les archives françaises.
Elle constitue alors une source d’inspiration et une figure structurant l’imaginaire collectif de la période coloniale.
Mais, à part lui, les témoignages sur la colonne elle-même ou sur Sarraounia sont très peu nombreux.
En France, peu de travaux ont été consacrés à la Mission Afrique centrale, et la résistance de Lougou à la colonisation est souvent occultée. Le romancier Jacques-Francis Rolland mentionne une « sorcière malfaisante », Sarraounia, qui aurait lutté contre Voulet dans son roman intitulé Le grand capitaine, un aventurier inconnu de l’épopée coloniale.
Toutefois, elle incarne alors à Lougou la résistance à la colonisation et la défense de la terre.
Détails

Nom : MANGOU
Prénom : Souveraine africaine
Statut : Réalisateur.
Date et lieu de naissance : inconnue
Date de décès : inconnue
Nationalité/Citoyenneté : Nigérienne
Nom du domaine d’excellence : Citoyenneté et panafricanisme
Étendue du domaine d’excellence : local, national, continental, international
